jeudi 18 février 2010

Sokhoumi, si loin, si près


Atlas de la Géorgie, dirigé par Marina Sokhadzé, p.9 : "Sur la côte de la Mer Noire (géorgienne), il y a beaucoup de stations balnéaires : Bitchvinta, Gagra, Sokhoumi, Ouréki, Kobouléti, Makhindjaouri, Batoumi..."


Les trois premiers lieux indiqués se trouvent en Abkhazie, république de facto séparée de la Géorgie depuis 1993, a fortiori depuis la défaite géorgienne lors de la guerre d'août 2008. Rien dans l'atlas, pas une carte ni une ligne, ne permet de penser que tous ces lieux, mémoires des meilleures vacances des années 1970 ou 80, sont depuis près de 20 ans inaccessibles aux Géorgiens.

Sur la route principale du pays, depuis Tbilissi pour aller vers l'ouest, la grande direction indiquée sur tous les panneaux est Sokhoumi. Rien ne permet de penser qu'en réalité, on ne peut pas s'y rendre en voiture depuis ce côté-ci du Caucase.


En Géorgie, tout est présenté comme si l'Abkhazie était encore en Géorgie, comme si on voulait ostensiblement conjurer la brutale vérité. Et pourtant, si de jure, le monde entier refuse d'entériner la réalité militaire, à l'exception de la Russie, du Nicaragua, du Vénézuela et de Nauru (qui a reçu sans s'en cacher une forte somme d'argent pour reconnaître les territoires séparatistes de la Géorgie), de facto, tout le monde sait quelque part que Tbilissi a une bien maigre chance de pouvoir dans un futur proche envoyer ses baigneurs sur les plages abkhazes. Personne n'est dupe, mais personne ne peut se permettre de l'avouer sans passer pour un traître à la Nation.

Car à Tbilissi, on rêve encore de reconquérir la capitale abkhaze dissidente, qu'on en soit originaire ou non. Le comment n'est pas important. Cette BMW au nom de Sokoumi accompagné de la croix de Bolnissi, croix nationale géorgienne, a plus d'une petite soeur garée dans la capitale géorgienne et qui lance comme elle un appel à la reconquête du territoire perdu.

Photos : Nicolas Landru

Aucun commentaire: