mardi 19 août 2008

Attitudes contradictoires de la Russie sur la question du retrait de ses troupes de Géorgie


©REUTERS/Umit Bektas

Le président de la Fédération de Russie Dimitri Medvedev avait assuré le président français Nicolas Sarkozy que les troupes russes entameraient leur retrait du territoire géorgien lundi 18 août à midi. Alors que dans les jours précédents, les russes avaient déjà vaguement parlé de retrait sans concrétiser, Moscou annonçait le départ de ses troupes lundi après-midi. Mais ni les observateurs étrangers ni les autorités géorgiennes ne constataient le moindre départ.

Bien au contraire, des troupes russes défiaient plusieurs fois l’autorité de la police géorgienne dans la journée du 18 août. A Igoéti, à 30km de Tbilissi sur le route venant de Gori, un détachement de blindés russes enfonçait un barrage de police géorgienne et s’avançait plus avant vers la capitale géorgienne. Plusieurs autres incidents se produisaient dans la foulée, un militaire russe a notamment un policier géorgien qui barrait la route à son détachement.

En Géorgie occidentale, les troupes russes semblent plus que jamais tenir leurs positions à Poti et Sénaki et semblent poursuivre leurs actions de destruction des infrastructures militaires géorgiennes. Un journaliste de l’AFP observait des mouvements depuis la base géorgienne occupée de Teklati vers l’Abkhazie, mais aussi en sens inverse.

En revanche, un premier signe de mouvement se produisait à Gori mardi 19 août en début d’après-midi, alors qu’une colonne de blindés se retirait en direction de Vladikavkaz en Ossétie du Nord (Russie). Mais les positions russes à Igoéti, plus proches de Tbilissi, semblent quant à elles avoir été renforcées en début de journée.

Alors que le président russe Dimitri Medvedev, qui avait tout d’abord annoncé un retrait lundi, réitérait ce jour-là pendant sa visite en Ossétie du Nord que la Géorgie serait punie pour ce qu’elle a fait, l’armée russe déclarait mardi qu’elle ne se retirait pas parce que selon elle, la Géorgie aurait violé l’accord de cessez-le-feu en restaurant des « capacités de combat ».

Actes et déclarations russes se suivent et se contredisent, tantôt laissant entrevoir un début de retrait, tantôt l’inverse. Il n’est pas non plus assuré que la prise de décision soit une en Russie et que l’armée suive entièrement les décisions du président Medvedev. L’homme fort du pays, le Premier Ministre Vladimir Poutine, est quant à lui resté discret ces derniers jours, sans trancher entre les attitudes de l’armée et les déclarations internationales du président.

Sur le terrain, l’échange de prisonniers entre Russes et Géorgiens mardi 19 août semblaient annoncer une détente, mais là encore, ce signe était contredit dans la foulée par une déclaration du ministère de la défense géorgienne selon laquelle des soldats géorgiens avaient été faits prisonniers à Poti.

En tous les cas, rien n’indique pour l’heure si la 4ème armée du monde a entamé un réel retrait du territoire géorgien.

L’Occident hausse encore le ton face à la Russie

Une réunion extraordinaire de l’OTAN s’est tenue mardi 19 août à Bruxelles sur décision des 26 ministres des affaires étrangères des Etats membres et à la demande des Etats-Unis. La structure atlantique visait à apporter son soutien à la Géorgie et à formuler pressions et menaces sur la Russie pour qu’elle exécute son retrait.

L’OTAN a réaffirmé son soutien inconditionnel à l’intégrité territoriale de la Géorgie et a fortement enjoint la Russie à respecter ses engagements. Le secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer a déclaré qu’aucun Conseil OTAN-Russie ne sera tenue tant que le territoire géorgien sera occupé, sans cependant remettre en cause l’existence de ce conseil. Les ministres des affaires étrangères décidaient par ailleurs qu’une commission OTAN-Géorgie allait être créée, sur le modèle de la commission OTAN-Ukraine. Une telle commission vise à renforcer les liens entre la structure atlantique et la Géorgie.

La secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice déclarait clairement lors de cette rencontre que l’Ukraine et la Géorgie deviendront des membres de l’OTAN. Cette déclaration représente une menace directe aux intérêts russes qui s’opposent à l’intégration atlantique de ces deux pays et entérinent une escalade supplémentaire dans l’affrontement américano-russe à travers la guerre de Géorgie.

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